01 Mai 2021
Poussée par l’apparition de plusieurs variants, la troisième vague épidémique de Covid-19 est là et de nouvelles restrictions viennent impacter l’activité économique et la « reprise » tant attendue. Entre rebond et survie au gré d’aides gouvernementales, la résistance à la crise est inégale d’un secteur d’activité à l’autre. Entre l’évolution des modes de consommation
Par Maxime MARION.
Vagues épidémiques, vagues économiques
En mars 2020, nous regardions l’été de loin en l’imaginant florissant. « En juin, tout ira bien, les affaires vont reprendre ». Nous reprenions cet optimisme à la fin de l’année lors du deuxième confinement et, le début de l’année 2021, était plein de promesses. Malheureusement, l’histoire se répète et 2021 démarre sous le poids d’une nouvelle vague.
Dans sa note de conjoncture de mars 2021 intitulée « Un an après… », l’INSEE fait le bilan de l’impact du Covid. L’analyse des données bancaires centralisées nous confirme par exemple que « la chute de la consommation a alimenté l’épargne, faisant progresser notamment les hauts patrimoines financiers ». L’épargne des ménages est d’ores et déjà un enjeu économique et financier. Sur le plan économique, plus cette baisse sera durable, plus elle impactera l’économie. Alors que le PIB chutait de près de 6 % puis de 19 % au premier et deuxième trimestres 2020 par rapport au 4ème trimestre 2019, la baisse se limitait ensuite à 3,5 puis 4,9 sur les trimestres suivants. A l’heure actuelle, on envisage une baisse de 4 % sur le premier trimestre de l’année 2021 puis de 3 %.
Sans surprise, l’activité économique varie au fil des mesures de restriction mises en place pour lutter contre la pandémie (confinement, couvre-feu, fermetures administratives). Cependant, malgré de fortes baisses, les entreprises françaises demeurent relativement préservées. L’accès au dispositif d’activité partielle, le prêt garanti par l’Etat, les différentes aides, notamment le fond de solidarité, ont permis aux sociétés de maintenir un taux de marge proche de 30 % et on dénombre moins d’entreprises radiées en 2020 qu’en 2019.
« En moyenne sur l’année 2020, le taux de marge des entreprises s’établit à 29,3 %, contre 33,2 % en 2019. Durant le premier trimestre 2021, la légère progression de la valeur ajoutée des entreprises, la baisse des impôts de production et l’utilisation du nouveau fond de solidarité, conduirait à une hausse du taux de marge » (Note de conjoncture de l’INSEE).
Le recul du taux de marge impacte forcément la capacité d’investissement mais si celle-ci est en fort recul sur certains segments, on observe une dynamique intéressante en matière de service.
Le service en première ligne de l'investissement des entreprises
En matière d’investissement des entreprises (produits, construction et services confondus), on observe bien un rebond à la suite du premier confinement et, hormis la persistance de la baisse en matière de transports, le dernier trimestre de l’année 2020 constitue presque un retour à la normale.
Par ailleurs, le taux d’investissement en services augmente encore plus en 2020 qu’avant la crise, du fait notamment de la forte demande en services d’information et de communication. Le boom du télétravail et ses incidences en termes d’accès aux données, de solutions logicielles ou encore de sécurité informatique, permet aux entreprises de l’IT de tirer leur épingle du jeu.
Pendant de la digitalisation et conséquence des confinements et fermetures administratives, l’achat de produits est en recul. Sur ce plan, la fourniture de bureau n’échappe pas à la règle et la dispersion des collectivités de travail entraîne une baisse de la consommation et des impressions. Reste à trouver de nouvelles solutions, à réinventer l’off re pour l’adapter aux besoins de nouvelles organisations de travail.
S’il est un levier à travailler, c’est bien celui de la RSE et du caractère « durable » de l’offre. La conscience écologique est de plus en plus prégnante dans les considérations professionnelles des salariés. On identifiait déjà cette tendance dans l’analyse des nouvelles générations de collaborateurs et peu à peu, cette exigence tend à se généraliser. L’étude de GfK met en avant que près d’un quart des acheteurs sont sensibles à l’empreinte durable dans leurs choix de fournisseurs. Les épreuves collectives que nous traversons nous amènent sûrement à une forme de retour à l’essentiel et à un esprit de préservation en vue d’un monde meilleur.
L'explosion de la vente en ligne en 2020
Qu’il s’agisse d’optimisation de process, de communication, de visibilité ou de canaux de vente, la digitalisation est, depuis de nombreuses années, au cœur des préoccupations des entreprises. En matière de e-commerce, la crise sanitaire a eu l’effet d’un électrochoc.
La FEVAD, Fédération du e-commerce et de la vente à distance, a diff usé son bilan de l’année 2020. Les ventes de produits et services en ligne ont progressé de 8,5 % et atteignent 112 milliards d’euros. On apprend également que 17 400 sites de e-commerce supplémentaires ont vu le jour l’année passée. Si la vente de produits explose (+35 %), le service régresse et perd 10 points. La vente en ligne, dans le contexte complexe de vagues épidémiques successives et de mesures de restriction, a permis au enseignes magasin de limiter la casse et même à de nombreuses TPE et PME de survivre en s’engageant dans le procédé ou en ayant recours à des places de marché. Ces « marketplace » ont vu leur volume augmenter de 27 %, considérable.
Nul doute que l’aspect conjoncturel de ces évolutions laissera une trace structurelle durable dans l’économie de demain. Dans le monde de la fourniture et des équipements de bureau, l’étude de GFK confirme la digitalisation de la commande, de l’achat (7 sur 10) et rassure sur la place de la distribution spécialisée qui conserve ses parts de marché. Demain, la perspective d’une pérennisation du télétravail avec, pour de nombreuses entreprises, la mise en place d’une « prime d’équipement » doit être prise en compte par les acteurs du secteur pour éviter la dilution de ces achats.